Un blanchiment d'argent favorisé par la voie numérique
- C2I - Projet
- 27 mai 2020
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 1 juin 2020

Ainsi, la lutte contre le blanchiment d’argent est mise en œuvre par diverses stratégies mais face au développement du numérique, elle est loin d’être encore suffisante. Les auteurs de ces fraudes ne reculent devant rien pour arriver à leur fin.
Parmi tout ce qu’Internet nous offre, il y a évidemment les réseaux sociaux qui prennent une énorme place dans notre quotidien et ces lieux virtuels n’échappent pas aux fraudes. En effet, sur Instagram, une influence américaine a mis en place un système permettant de blanchir l’argent qu’elle a volé à ses abonnés. Le montant est estimé à environ 1,4 million d’euros et 1,5 million de dollars. Un beau montant qu’elle a constitué en abusant de la confiance de ses abonnés. Elle n’a pas hésité à déposer près de 1600 faux chèques et 650 mandats cash contrefaits avec leurs comptes bancaires qu’ils lui avait confiés suite à ses promesses de leur faire gagner de l’argent rapidement. Ces comptes lui permettaient de blanchir de l’argent au détriment de ses abonnés (1). Instagram a alors rappelé suite à cette affaire qu’il est possible de signaler tout contenu ou publicité pouvant être une escroquerie.
L’illusion est reine sur les réseaux sociaux. De la chirurgie peut se cacher derrière quelqu’un qui vous vend un programme fitness avec les garanties d’avoir son même corps de rêve comme une personne peut blanchir de l’argent sur votre dos alors que c’est un influenceur que vous admirez. Soyez donc prudents !

Tout le monde a déjà entendu parler de Paypal, la plateforme de paiement qui permet de faire ses achats en toute tranquillité grâce à sa protection des achats, et de Bitcoin, une crypto monnaie ou monnaie virtuelle. Il est apparu dans le Darknet, la possibilité d’échanger de l’argent provenant d’opérations illicites contre un pourcentage de sa valeur en bitcoins (2). Cette technique accessible aux utilisateurs à niveau avancé montre encore à quel point le blanchiment d’argent par voie numérique n’a pas de limite. Il était impensable il y a encore quelques années de songer à ce type de méthode.

Ces dernières années, a aussi explosé les services tels que Airbnb, site internet pour trouver un logement pour les vacances et Uber, une application mobile qui a mise à mal le métier de chauffeur de taxi. Il s’agit ici d’inventer de fausses réservations et de fausses courses pour ainsi blanchir de l’argent (3).
Face à cette diversité de techniques de blanchiment d’argent, il est normal que la lutte soit dure et pour le moment, insuffisante mais la législation montre clairement sa volonté d’y faire face.
En effet, plusieurs dispositifs juridiques au niveau national, européen et international entrent en jeu !

Comme dit Pierre Pelot, « Droit et Justice ! La meilleur marque de maquillage qui soit au monde ».En effet pour pouvoir cacher les défauts et les manquements, il faut s'armer d'une bonne « marque de soin » efficace, bien l'appliquer, pour réparer les pores et les manques qui pourraient apparaitre. Vous avez bien compris, rien n'est plus efficace qu'une bonne rédaction de loi claire et précise et bien sûr, une vraie volonté politique pour l'admettre au sein de la société.
Sur le plan national, il y a l'ordonnance et les décrets du 12 février 2020 relatifs au renforcement national de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme. Il ne faut pas oublier l'influence européenne de plus en plus importante sur les législations internes et les décisions prises. Au lendemain des attaques terroristes et des révélations de l’affaire « Panama papers », la 5ème directive ((UE) 2018/843 du 30 mai 2018 entrée en vigueur le 9 juillet 2018) prévoit une série de mesures visant à mieux lutter contre le financement du terrorisme et garantir une meilleure transparence des transactions financières (4) .
Enfin sur le plan international, et la scène internationale avec la portée large que peuvent avoir les décisions, l'adoption des textes au plan international a une grande force dissuasive dans le monde. A la suite des attentats du 11 septembre 2001, les Etats membres de l'organisation des Etats-Unis ont souligné les liens entre le terrorisme, la criminalité transnationale organisée, le trafic international de drogue et le blanchiment d'argent. La résolution 1377(2001) adoptée par le Conseil de sécurité le 12 novembre 2001 déclare que tous les actes de terrorisme international constituent un défi à tous les Etats et à l'humanité entière. Cette déclaration complète la Convention internationale pour la répression du financement du terrorisme (1999) mais aussi celle de la déclaration politique et plan d'action contre le blanchiment d'argent de 1988 (5).
Sources :
3- Florian Bayard, « Des criminels utilisent Airbnb et Uber pour blanchir de l’argent sale »
4- Journal officiel de l'Union européenne, « Directive (UE) 2015/849 du Parlement européen et du Conseil du 20 mai 2015 »
5- L'Organisation des Nations-Unies, « Programme mondial contre le blanchiment d'argent »
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